Chinoiseries

client : House of Tai Ping

année : 2012

chef de projet : Simon Naouri

collaboration : Heidi Winge Strom

crédits photos : House of Tai Ping

« Chinoiseries » est une collection de onze tapis hand-tuft en laine et soie dessinée en collaboration avec la créatrice textile Heidi Winge Strøm. Ramy Fischler, qui s’intéresse au rapprochement culturel entre la France et la Chine au moment de concevoir les nouveaux espaces parisiens de Tai Ping, découvre dans un recueil de dessins orientaux du XVIIIe siècle de Jean-Antoine Fraisse, des détails d’une incroyable force plastique. Ensemble, les designers développent, par agrandissements, des motifs semi-abstraits qu’ils déploient sur les tapis. Trois cents ans après l’âge d’or des chinoiseries en Occident, ils instiguent, depuis Paris, un ultime détournement de ces motifs exotiques sur l’ouvrage des manufactures chinoises de la marque.

Le thème des chinoiseries s’est imposé pour parler de la nouvelle maison Tai Ping, manufacture artisanale d’origine chinoise s’installant dans l’Hôtel de Livry, un hôtel particulier parisien du XVIIIe siècle au cœur du quartier Saint-Germain-des-Prés. La collection de tapis célèbre cette période inédite de rapprochement entre l’Orient et l’Occident, emblème du croisement des cultures, de la réappropriation créative et générative. Ramy Fischler l’a conçue en travaillant à partir du recueil de magnifiques dessins de Jean-Antoine Fraisse, artiste de la cour de Chantilly, tombé dans l’oubli. Les détails qu’il découvre en étudiant ses aquarelles inspirées des décors de la Chine, des Indes et du Japon, anticipent par moments de deux siècles l’expressionisme abstrait américain. Remarquant qu’au XVIIIe  siècle, la vision cartésienne de l’espace propre aux Lumières avait été bousculée par celle diffusée dans les estampes de l’époque, le designer propose d’en faire la clef de voûte du projet.

Un nouveau détournement des chinoiseries, sur la même route, 300 ans plus tard

Dans les chinoiseries, tout est question d’interprétation, de fantasmes, de détournement. Jouant de ce procédé, la démarche des designers Ramy Fischler et Heidi Winge Strøm a consisté en une ultime interprétation de ces dessins XVIIIe. Ces œuvres hybrides, une fois revisitées, ont pris le chemin de la manufacture de Nanhai et du pistolet à tufter de l’artisan chinois, avant de revenir en France sous forme de tapis en soie et laine. Ils recouvrent aujourd’hui les vieux parquets de l’Hôtel de Livry, telle une fine pellicule de mémoire, sur laquelle mûrissent chaque jour de nouvelles idées.

Tai Ping, héritage et innovation

La Maison Tai Ping, créée il y a un demi-siècle à Hong Kong, est le premier fabricant mondial de tapis sur-mesure. Fondée dans le but de préserver la tradition ancestrale des tapis faits main et de protéger ainsi une génération d’artisans dont l’avenir était menacé, la marque a aujourd’hui nombre de créations à son actif dans les endroits les plus prestigieux du monde.

Le hand-tuft, révélateur de merveilles graphiques

Ramy Fischler a exploré toutes les techniques que la manufactures Tai Ping maîtrise : axminster, pass-tuft, hand-tuft… Les tapis de la collection Chinoiserie sont principalement hand-tuft, très caractéristique des savoir-faire de la marque, qui a su inventer une méthode de fabrication reprise ensuite tout autour du monde.

À sa création, Tai Ping a fait évoluer les techniques du sur-mesure grâce à la modernisation du « carving » à la main – procédé qui consiste à sculpter les tapis en relief et à créer un dessin original. L’entreprise a su innover en inventant des méthodes de fabrication qui associent l’attachement et la rigueur du travail artisanal à l’attention portée aux nouvelles technologies.

Chinoiseries - Tai Ping Carpets